Soizic Jullien est docteur en biophysique. Elle a un parcours de 25 ans de chef de projet, direction de projet et management. Elle est coach certifiée HEC, médiatrice formée à l'Élément humain, la PNL et le co-développement.
Marie-Laure Lahouste-Langlès est consultante formatrice, spécialisée en développement personnel et efficacité professionnelle, et enseignante rattachée à l'université Paris XII. Elle est également coach certifiée HEC, formée à l'Élément humain, Thérapie sociale, Analyse transactionnelle et CNV.
Nous souhaitons faire un pas de côté et aborder ce sujet de façon disruptive : comment l’erreur peut participer à l’efficacité professionnelle ?
Du droit à l’erreur à l’acceptation de l’erreur
Peut-on dire que la réussite est synonyme d’efficacité ? Pas nécessairement ! En effet, on peut réussir une tâche sans pour cela avoir été efficace.
Quels sont les ingrédients de la réussite ? L’un d’eux est de rester dans sa zone de confort.
Si être efficace, c’est faire la même chose plus rapidement avec le même niveau d’efficacité, alors mieux vaut rester dans sa zone de confort.
Prenons un exemple concret : plus j’utilise excel, mieux je le maîtrise, plus j’exploite rapidement un tableau de données. Pourquoi changerais-je d’outil, au risque de me tromper ?
En revanche, si l’efficacité relève également du développement de compétences, changer d’outil et passer d’excel à VBA pour manipuler un plus grand nombre de données me permettra de découvrir de nouvelles fonctionnalités, ouvrant le champ des possibles… et le champ des erreurs.
Ne pas faire d’erreur revient donc à se LIMITER : si l’enfant ne voulait pas « faire d’erreur » (ne pas tomber), il resterait à quatre pattes toute sa vie !
Le processus d’apprentissage passe par une période de test
Naturellement, nous avons tendance à recourir au changement de type 1 (faire plus de la même chose), avec le risque d’obtenir toujours un même résultat !
Le changement de type 1 est limitant et fait perdre en efficacité :
- Je sais mener un dossier de A à Z
- Je mène plusieurs dossiers que je réussis
- Je cumule les dossiers
- Je suis en surcharge et ne produis plus les dossiers en temps et en heure
- Je finis en échec
Or il y a une alternative : c’est le changement de type 2 (faire différemment).
Mettre en place un changement de type 2, c’est se donner, par exemple, la possibilité de déléguer :
- Déléguer un 1er dossier
- Se tromper de délégataire
- Apprendre de son erreur : mieux choisir son délégataire
- Réussir sa délégation : le dossier est produit selon les critères attendus
- Analyser pourquoi c’est une réussite (phase d’analyse)
- Monter en compétence sur la délégation
Pour apprendre de son échec et « mieux choisir son délégataire », une phase d'analyse de cet échec est nécessaire : en quoi le délégataire n’était pas le bon ? Qu’est-ce qui peut être fait différemment ?
L’efficacité professionnelle n’est donc pas linéaire : on peut être efficace un jour…. et ne plus l’être ensuite. Tout en utilisant les mêmes techniques.
Qui ne se reconnaît pas dans ces propos ?
L’efficacité oblige donc à une remise en question, une analyse des méthodes, mais également du contexte : pourquoi cela fonctionne?
Mais il est souvent plus naturel d’opérer cette remise en question…. quand on est en échec. La réussite donne rarement lieu à analyse.
C’est peut être ce qu’il faut désormais changer !
Pour cela, nous proposons 2 axes de développement :
- Travailler sur ses peurs (de l’échec), ses freins, ses croyances..
- Mettre en place des rituels d’analyse de pratiques ou d’activités, comme c’est le cas dans les pratiques agiles avec les « rétrospectives ». C’est par le feed-back régulier et précoce que les erreurs les plus importantes sont évitées.
(1) C. Pépin « Les vertus de l’échec » (Allary éd., 2016)
Par Soizic Jullien et Marie-Laure Lahouste-Langlès , auteures de Pro en Efficacité professionnelle, paru aux éditions Vuibert, 25,90€.